Les oestrogènes permettraient de réduire la prolifération du virus de la grippe chez les femmes infectées, selon une étude menée par des chercheurs américains. Moins de multiplication du virus signifie a priori des symptômes moins importants.
Les oestrogènes permettraient de réduire la multiplication du virus de la grippe chez les femmes, et donc d'en restreindre les symptômes.
Sommaire
- Des cellules nasales soumises à différents oestrogènes puis au virus de la grippe
- Un bénéfice qui ne justifie pas un traitement hormonal préventif contre la grippe
Et si les hommes ne faisaient finalement pas autant de cinéma que l’on croit quand ils ont la grippe ? Ce phénomène de ”
man flu” (terme péjoratif anglo-saxons pour désigner les plaintes masculines exagérées en cas de maladie) serait peut-être avéré, si l’on en croit les résultats d’une étude publiée dans la revue American Journal of Physiology – Lung cellular and Molecular Physiology. Des chercheurs américains ont constaté que les
oestrogènes – hormones qui participent au développement des caractères sexuels féminins secondaires – auraient un effet protecteur contre la
grippe, en inhibant partiellement la multiplication du virus dans les cellules et donc en diminuant l’importance des symptômes. Plusieurs études précédentes étaient arrivées à la conclusion que les œstrogènes entravaient la réplication de virus tels que le
VIH,
Ebola ou encore les
hépatites. C’est la première qui confirme cet effet pour la grippe.Des cellules nasales soumises à différents oestrogènes puis au virus de la grippePour leurs analyses, les scientifiques ont effectué des prélèvements de cellules de l’épithélium nasal – les premières cellules du corps attaquées par le virus de la grippe – chez des hommes et des femmes. Ils ont ensuite exposé ces cellules à différents types œstrogènes : des taux normaux d’hormones naturelles, des modulateurs sélectifs des récepteurs aux œstrogènes (utilisés dans les traitements hormonaux substitutifs ou traitements contre l’infertilité par exemple) et à du
bisphénol A (un perturbateur endocrinien qui mime les effets des œstrogènes). Les cellules ont ensuite été exposée à un virus de la grippe, de type A.
Les chercheurs se sont aperçus que les cellules de femmes qui avaient étaient exposées aux œstrogènes (y compris les modulateurs synthétiques et le bisphénol A) ont considérablement réduit la réplication du virus, jusqu’à 1 000 fois moins que les cellules qui n’avaient pas été exposées aux hormones. Un constat qui ne concernait pas les cellules masculines.Pourquoi un tel effet ? Il semblerait que les hormones qui se fixent sur les récepteurs à œstrogènes à la surface des cellules ralentissent l’activité cellulaire et les empêchent de reproduire le virus qui les a infectées. Les cellules masculines, présentant beaucoup moins de récepteurs à œstrogènes à leur surface, ne bénéficient donc pas de l’effet protecteur contre la réplication du virus.Un bénéfice qui ne justifie pas un traitement hormonal préventif contre la grippeDu fait des taux d’hormones très variables au cours du cycle menstruel chez les femmes, il est difficile de conclure à un véritable effet protecteur des œstrogènes au sein de la population générale. Les auteurs de cette étude ne recommandent absolument pas d’envisager des traitements hormonaux comme moyen préventif pour lutter contre la grippe. Comme ils le rappellent, les œstrogènes ont également d’autres effets biologiques, comme augmenter le risque de développer certains
cancers.“Si les femmes prennent déjà des hormones de type œstrogènes pour d’autres raisons, cela peut être considéré comme un bénéfice supplémentaire en diminuant leur sensibilité au virus de la grippe pendant la saison épidémique“, ajoute Sabra Klein, principal auteur de cette étude. “Cette découverte pourrait être particulièrement importante pour les femmes âgées, puisque cette population est susceptible de développer des formes de grippe sévères“.