Les résultats de l’enquête de Doctissimo sur la contraception sont étonnants: seule une femme sur 4 est interrogée sur sa consommation tabagique avant la prescription d’une pilule; moins d’une sur trois est interrogée sur d’éventuels antécédents médicaux personnels ou familiaux. Suite à la polémique, une femme sur six aurait aujourd’hui l’intention d’arrêter sa pilule ou de changer de contraceptif. Découvrez tous les résultats de cette enquête inédite.
Pilule : seules 9 % des femmes informées des risques de thrombose
Alors que continue la polémique sur les risques propres aux
pilules de 3ème génération, Doctissimo a mené une enquête auprès de ses internautes dont les inquiétudes apparaissent sur nos forums. L’objectif était de connaître les méthodes contraceptives qu’elles utilisent, d’évaluer la proportion de femmes sous pilules et plus particulièrement de comprendre les conditions dans lesquelles ce contraceptif oral leur a été prescrit.Prescription de la pilule : ni examen ni interrogatoire dans 17 % des casAu total, 810 femmes ont accepté de répondre à notre questionnaire1. Un peu moins des deux tiers d’entre elles sont sous
pilule (61 % – 596 répondantes), les autres ayant soit renoncé à toute contraception (>12 %), soit opté pour d’autres méthodes (26 %)2. Parmi les femmes sous pilule, 25 % ont une pilule dite de 3ème génération3, 22 % une pilule dite de 2ème génération et un nombre non négligeable (14,6 % – 87 femmes) une pilule dite de 4ème génération4.En se focalisant sur les femmes sous pilules, il apparaît que dans plus d’un cas sur six (17 %), la prescription de la pilule n’a été précédée d’aucun examen ni interrogatoire particulier. Seul un quart des répondantes indique que leur médecin leur a demandé une analyse de sang, la même proportion rapporte qu’il les a questionnées sur leur consommation tabagique et 31 % qu’il les a interrogées sur d’éventuels antécédents médicaux personnels ou familiaux.Des femmes rarement informées sur le risque de thrombose
Plus de la moitié des patientes n’ont pas été informées des risques de
thrombose (
phlébite,
embolie pulmonaire…) lors de cette consultation médicale. “En 2009, j’ai changé ma pilule
Daily gé pour le patch. Six mois après ce changement, j’ai fait une phlébite de la cheville à la cuisse droite aggravée en embolie pulmonaire. Après recherche sur ADN, ils m’ont découvert une anomalie génétique avec deux gênes mutés de la coagulation. Aucune recherche n’avait été réalisée au préalable“, déclare ainsi cbrochier. Le témoignage de fredal1 est également étonnant : “À la suite de mon accouchement, on m’a prescrit sans AUCUN examen, aucun conseil, aucune mise en garde, une pilule de 3ème génération. Résultat : embolie pulmonaire 3 semaines après (provoquée de manière quasi certaine par cette pilule dixit l’hématologue !). J’ai failli y laisser ma vie et un orphelin de 3 semaines !“.
Seules un peu moins de 9 % des femmes ayant répondu au questionnaire affirment avoir été informées des risques de thrombose de la part de leur médecin (les autres femmes n’ayant pas donné de réponse à cette question).La pilule prescrite d’emblée, quelle que soit sa générationDans un tiers des cas, la pilule a été prescrite d’emblée, quelle que soit sa génération. Or, selon les recommandations faites aux professionnels de santé, les pilules de 3ème ou 4ème génération ne doivent être prescrites qu’en seconde intention, chez des femmes ne supportant pas les pilules de 2ème génération.Beaucoup de femmes n’ont d’ailleurs pas reçu la moindre justification à cette prescription (18,4 %)5. Pour les autres, problèmes de règles, acné et douleurs mammaires étaient les principales raisons invoquées.Plus d’une femme sur six veut arrêter sa pilule ou changer de contraceptionLa polémique sur les dangers des pilules a-t-elle eu des conséquences sur le choix des femmes ? Une grande majorité (27 %) a décidé d’en reparler avec leur médecin/gynécologue, d’autres ont choisi de ne rien changer (17 %), tandis que la même proportion souhaite opter pour un autre mode de contraception ou tout simplement arrêter leur pilule. “Pour ma part, oui je change, le rendez-vous est pris, je troque 7 ans de Nuvaring (
anneau contraceptif, ndlr) pour un stérilet cuivre pour nullipare. Deux raisons : la polémique effectivement et le coût des anneaux !“, déclare Elijah25. “Pour moi c’est clair, j’arrête
Yaz dès aujourd’hui, je viens de finir ma plaquette“, indique quant à elle bruisselante29, avant de préciser : “Je ne sais pas quoi prendre en alternative“. Silpat semble plus fataliste : “Le risque d’
AVC avec [les pilules] de 2ème génération existe quand même, [il] est juste plus limité, mais on risque de se retrouver avec des effets secondaires qu’on n’avait pas avec la 3ème génération…“. Même remarque de la part de worriedesu, qui se dit même “énervée“ par cette polémique : “Il ne faut pas non plus tomber dans la psychose, certes il y a des risques mais ils sont faibles si on a aucun antécédent et qu’on ne fume pas“.Amélie Pelletier1 – Ce sondage a été réalisé en ligne sur le site Doctissimo, entre le 14 et le 23 janvier. 810 internautes y ont répondu.2 – Parmi les femmes qui ne sont pas sous pilule, le
stérilet (ou dispositif intra-utérin – DIU) arrive ainsi largement en tête des méthodes alternatives. Plus de la moitié d’entre elles ont choisi cette méthode, qu’il soit au cuivre ou
hormonal. 16 % utilisent le
préservatif. L’
implant et l’
anneau ne sont guère répandus, avec respectivement 28 et 20 femmes qui ont fait ces choix. Les autres méthodes (
patch, stérilisation définitive par la méthode
Essure ou
ligature des trompes) sont très minoritaires.3 – Bien que le progestatif qui la compose soit de 3ème génération, Cérazette, une pilule progestative pure, n’a volontairement pas été comptabilisée dans cette catégorie car le risque thromboembolique qui lui est associé n’est pas supérieur à celui des pilules dites de 2ème génération.4 –
Diane 35, un anti-acnéique détourné depuis de nombreuses années de son indication et volontiers prescrit comme contraceptif oral aux femmes souffrant d’
acné, est utilisé par 21 femmes.5 – La proportion est sans doute bien plus élevée si l’on considère que les femmes ne rapportant aucune raison invoquée par leur médecin pour justifier sa prescription… n’en ont probablement pas reçue !
Source
Enquête Doctissimo lancée le 10 janvier 2013. Résultats du 24 janvier 2013.Crédit photo :Durand Florence/SIPA